TOLOSA - 1750 : RENAISSANCE

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Bienvenue au cœur de la ville Rose: intrigues politiques, confréries religieuses, crimes, révoltes... Vous incarnez un humain au beau milieu de cette renaissance toulousaine et vous allez avoir du pain sur la planche...

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    LE JUGEMENT ANTIGONE

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    LE JUGEMENT ANTIGONE Empty LE JUGEMENT ANTIGONE

    Message  Mj Ven 19 Nov - 20:58

    En cet après-midi gris de Samedi 15 septembre 1750, le Procureur, l'Avocat et le Haut Magistrat s'étaient enfin tus et, dans un silence tendu, les jurés avaient parlé.

    - COUPABLES!

    Un sourd grondement de victoire s'était alors emparé de la salle et, du haut de leur poulailler, le peuple toulousain avait hurlé sa joie et sa colère contre les misérables qui leur avaient fait tant de mal. Sur les bancs face à la tribune, hommes religieux, nobles et bourgeois avaient hoché la tête, en guise d'approbation, certains murmurant à l'oreille de leur voisin. Plusieurs nobles s'étaient même levés pour applaudir le verdict et l'avocat de la défense s'était assis, impassible comme s'il avait toujours su quelle tournure allait prendre le jugement. Les coupables, Robert Antigone, sa femme Gisèle, Gaspard Fonteuil, Simon Bouc et René Jaubert avaient gardé leur éternel silence, et tentaient en vain d'éviter les crachas qui leur tombaient du ciel.

    Le Haut Magistrat, le visage enfariné et tout de blanc perruqué, frappa la table de son robuste marteau, les joues rosies par l'irritation.

    - Silence! SILENCE!!!!!!!!!

    La foule populaire s'était alors calmée, mais Géroni Capuser, toujours assis sur le banc des témoins auprès de son père Vérain, de son ami Jean-Baptiste, du charpentier Pouzot et du boulanger Vaudrant, pu sentir la tension dans l'air. Ils compris alors que les gardes postés à chaque entrée, arme en main, n'étaient peut-être pas présents pour le simple plaisir de l'oeil. La foule était dangereuse et le jeune maître Capuser n'aurait pas été surpris de voir un homme se ruer vers Antigone, près à l'égorger.

    Une fois un semblant de silence obtenu, le digne porte parole des jurés continua.

    - Les dits accusés Gaspard Fonteuil, Simon Bouc et René Jaubert connaitront la peine de mort par pendaison!

    Géroni pu voir le blond fondre en larmes et cru même voir une tâche se dessiner sur son entre-jambe. Gaspard regardait ses chausses et malgré leurs mains liées par le fer des menottes, les accusés se firent le signe de croix sauf René Jaubert qui avait le regard vide et la mâchoire crispée.

    - Quand aux ordonnateurs de cette sinistre tragédie, Robert et Gisèle Antigone, par le pouvoir qui nous est donné, nous vous condamnons à l'emprisonnement à vie!

    La foule applaudit et les cris reprirent de plus belle. Géroni fut surpris par le verdict, mais son père lui rappela les terribles conditions de certaines prisons pour les pauvres. L'emprisonnement à vie devenait alors la pire des tortures et nombreux étaient les prisonniers qui priaient pour que Dieu leur ôte la vie.

    - Sale gueuse!! Pute Borgne!! A mort! A mort!! Tu vas crever à p'tit feu au beffroi d'St Michel hahahaha!!

    - Ouais! Et toi l'blond qui t'pisse dessus! J'irais voir ta gueule quand l'bourreau t'passera la corde au coup et qu'ton cou s'pèt'ra en deux!!!

    Du fond de la salle, un curé en soutane noire se leva brusquement et pointa les prisonniers du doigt.

    - VILAINS!!!! COMMENT OSEZ-VOUS EN APPELER A DIEU!!! VOUS IREZ TOUS EN ENFER!!

    Les crachats plurent à nouveau et des tomates pourries tombèrent sur la tête du dit Gaspard, livide. Le peuple grondait et cette fois même le Haut Magistrat ne pu garder le silence. Il frappa autant que possible sur la table et décida finalement de prononcer la suite de la sentence, sous le brouhaha général, les sifflements et les cris de haine. Géroni eut du mal à tout entendre tant le grondement sourd de l'audience était fort et incontrôlable,mais il pu tout de même comprendre le principal.

    - Les dits condamnés à mort seront pendus lundi après-midi sur les coups de quatre heures, place saint Georges!
    Quand à vous, Monsieur et Madame Antigone (il les regarda d'un oeil sévère et sans pitié), vous serez emprisonnés à vie au Beffroi du Petit Hôtel! SILENCE!!! Le... LA JUSTICE A PARLE, L'AUDIENCE EST LEVEE!!!

    Mais le public ne s'arrêtait pas et les membres de la Noblesa quittèrent en hâte la salle, de peur de voir leurs costumes hors de prix tâchés par les fruits pourris jetés avec violence sur les coupables. Ces derniers acceptaient les insultes sans broncher, leurs têtes bousculées par le choc des légumes et le père Antigone, impassible, semblait accepter sa sentence. Il tenait en ses mains un petit objet qu'il serrait de toutes ses forces. A ses côtés, sa femme se balançait d'avant en arrière, comme si elle était ailleurs, dans un autre monde. Ses yeux rouges qui scrutaient le vide lui donnait un air presque démoniaque et ses lèvres marmonnaient des paroles inaudibles, les mains crispées l'une dans l'autre.

    Le boucan infernal du tribunal ne s'interrompit pas et le Haut Magistrat, furieux, dû faire un signe au capitaine de la garde qui se tenait à ses côtés, droit comme un as de pic. Ce dernier transmit le message à ses hommes et, rapidement, quatre gardes emmenèrent les prisonniers derrière une petite porte où Géroni les vit disparaître. Puis une dizaine d'hommes armés entrèrent dans la salle et firent évacuer la tribune et la salle, non sans difficultés, pendant que Magistrats, Procureur et jurés disparaissaient derrière une seconde porte.

    Satisfait de cette victoire, Géroni accompagna son père jusqu'à la sortie où plusieurs bourgeois le félicitèrent pour ses investigations. Il accepta le compliment même s'il évoqua plusieurs fois le fait qu'il n'avait pas eu le choix et qu'il n'avait pas été seul lors de la descente dans la forêt de Monceau. L'enquêteur Claude Nash le salua à son tour de son regard sobre et franc et Géroni ne pu s'empêcher de se sentir finalement flatté par toute cette attention et ces regards admiratifs qui lui étaient adressés.

    L'âme gonflée de fierté et de joie, le jeune Capuser quitta son père et Jean-Baptiste,pour suivre Alastaire de Maugiron. Le vieil homme demanda à son pupille de se préparer pour la soirée que donnait le Capitoul Justin de Bonrepos en l'honneur de la clôture de cette fâcheuse affaire et Géroni y était convié...

    ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

    Le jeune charpentier devenu lors de cette affaire pupille officiel d'Alastaire de Maugiron, connu une petite gloire qui dura une semaine. Ses investigations concernant les maîtres-chanteurs qui ruinaient de nombreuses familles artisanes et ouvrières, l'avait également mené vers l'enquête concernant les vols de convois de blé qui menaçaient la santé économique de la ville Rose. Le jugement fit la Une de la gazette toulousaine et le nom de Géroni Capuser apparu en tant que témoin clé. Le lundi suivant, des centaines de Toulousains furieux ou curieux s'étaient regroupés pour assister à la pendaison des trois coupables, place St Georges. Personne ne vint réclamer les corps et les trois bandits furent enterrés dans la fosse commune à la sortie de la ville et leurs noms sombrèrent peu à peu dans l'oubli.

    En effet, toute l'excitation qui avait envahi la ville suite à cette affaire, mourut peu à peu. Au bout d'une huitaine de jours, la vie avait repris son cours et le jeune maître Capuser retrouva une vie normale, entre son nouveau rôle de Pupille et le retour de sa famille en ville, au faubourg Matabiau.
    C'est ainsi qu'un mois se déroula sans encombres. Le Surintendant des Bâtiments du Roy était venu comme prévu et avait fait le tour des grands bâtiments de la ville, en compagnie des Capitouls, afin d'observer la qualité de leur entretien. Les courtisans toulousains s'étaient littéralement rués vers l'envoyé du Roy afin de rentrer dans ses faveurs et peut-être le suivre à Versailles. Mais le but de sa visite était clair et il n'assista à aucune soirée mondaine, au grand désarroi de nombreux aristocrates. Au bout de trois jours, le Surintendant des Bâtiments repris son chemin vers la Capitale et le Conseil des Sept, anxieux, attendit le verdict de sa Majesté le Roy Louis XV sur la question des remaniements architecturaux.

    On apprit également la démission de l'Inspecteur Général et Chef de Service Samuel Mourville qui, suite à son incompétence évidente tout au long de l'affaire Antigone, préféra fuir et mettre les voiles pour le Nord de la France.

    Le Lieutenant de Police Gervais Blaize proposa à l'inspecteur Marc Bayle de grimper les échelons et de prendre cette haute fonction, mais ce dernier, récemment guéri de sa blessure, refusa l'honneur. Il était un homme de terrain et rien ne le détournerait de cette voie; c'est donc finalement Bertrand Camus qui pris le poste, arrivant tout droit de Paris.

    La ville à Toulouse suivait son cours et les journaux transmettaient au peuple toulousain toutes les actualités de la ville sans jamais cependant être au fait de tous les secrets et mystères qui y régnaient dans l'ombre...

    En ce début de soirée frileuse de samedi 17 octobre, Géroni déboula les escaliers de la demeure de son Maître tout en réajustant le col de sa nouvelle tenue grise argentée. Il était excité car ce soir là, il avait décidé d'emmener son ami d'enfance Jean-Baptiste à l'opéra. Du jamais vu, pour un artisan du faubourg Matabiau. Il était déjà cinq heures, la nuit était tombée et il était en retard. Rasé de près, parfumé et diablement élégant dans sa tenue chic qu'il avait payé de son propre argent, il sifflota gaiement en engouffrant une tartine de beurre et de miel. Car comme tout garçon de son âge, il avait toujours faim.

    Lucy, qui astiquait les vitres de la cuisine, l'observa de ses grands yeux bleus et fronça des sourcils lorsqu'il goba la tartine toute entière.


    - Jeune Maîwtre Géwoni, wou allez wou étouffer à manger comme ça...

    Géroni lui sourit et n'eut pas le temps de répondre. La cloche d'entrée avait sonné et la jeune anglaise disparu dans le corridor pour aller ouvrir. Jean-Baptiste devait être arrivé. Géroni s'essuya la bouche, ravi, et se versa un verre d'eau. Mais après quelques secondes, Lucy se présenta à Géroni, l'air surprise, pour introduire un homme que le jeune pupille n'avait pas vu depuis l'affaire Antigone: l'inspecteur Marc Bayle.
    Son corps à la fois massif et rond entra dans la cuisine à pas lourd et son visage joufflu possédait toujours la grande moustache brune et touffue qui le caractérisait si bien. Il portait un gros manteau d'hiver et Géroni remarqua immédiatement qu'il évitait de bouger son bras droit, sûrement encore douloureux.


    - Bonsoir, Jeune Maître Capuser.

    Son expression bourrue et attachante ne s'était pas évaporée en un mois et il grogna un discret "Merci" à la jeune servante qui l'avait aidé à ôter son manteau. Géroni, surpris par sa présence, lui expliqua immédiatement que son Maître était parti en voyage, mais l'inspecteur lui expliqua que c'était avec lui qu'il désirait s'entretenir. Son air préoccupé ne présageait rien de bon et c'est légèrement tendu que le pupille lui offrit de s'asseoir en jetant un coup d'oeil inquiet à l'horloge murale.

    Bayle bourra sa pipe, l'alluma et tira plusieurs bouffée avant d'ouvrir la bouche. Ses petits yeux plissés observaient les flammes de la cheminée et il se racla la gorge avant de commencer pour aller droit au but, comme de coutume.


    - Jeune Maître Capuser, j'ai une très mauvaise nouvelle.

    Ça commençait bien.

    - Des enquêteurs de Cahors sont venus au bureau ce matin, avec des nouvelles assez consternantes, commença-t-il.

    Il consentit enfin à regarder Géroni dans les yeux. L'heure semblait grave et une lueur incertaine brillait dans son regard intelligent à moitié caché par ses épais sourcils bruns.

    - Un nouveau convoi de blé à disparu.

    HRP: à toi Smile Tu peux aller dans ta section personnelle "chez Alastaire" et créer un nouveau sujet.


    Dernière édition par Cha le Mer 26 Jan - 0:07, édité 2 fois
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    LE JUGEMENT ANTIGONE Empty Re: LE JUGEMENT ANTIGONE

    Message  Invité Lun 22 Nov - 20:49

    La vie était facile pour Géroni.

    Il ne s'agissait que de rencontres, discussions et lecture.
    Tous les jours, il s'attelait à de gros volumes traitant de différents sujets: grèce antique, histoire de France, art moderne, moeurs et coutumes de la haute société.
    Cette dernière encyclopédie avait délivré ses secrets au jeune pupille,et celui-ci s'était passionné pour l'art des duels. Il ne trouvait rien de plus noble que de se battre à l'épée pour défendre son honneur tout en respectant son ennemi. Il imaginait les duelistes et leur témoin arriver sur le lieu dit à leur dite, les palpitations battant leurs tempes, la rage frétillante de la cause défendue et cette certitude que quelques temps plus tard, il ne resterait plus que l'un d'entre eux.
    Il aurait aimé rencontré le messager de cette façon plutôt que de tirer lâchement une balle en pleine tête pour sauver sa peau.
    Il revoyait son cadavre ruisselant de sang et d'hébétude tomber au sol et cette image le révulsait. Il entendait le cri perçant du père Antigone déchirant le vacarme de la bataille.
    Géroni regrettait. Il regrettait que les armuriers aient vu leur fils tomber en face d'eux. « La pire des sentences est bien de voir ses enfants mourir devant soi » pensait souvent l'ancien charpentier.
    Il passait des nuits agitées, revivant sans cesse la scène, et se réveillant en sursaut quand le souvenir du coup de feu retentissait dans ses oreilles.
    Ainsi, il avait développé sans réaliser pourquoi une aversion pour les armes à feu.

    Sa famille se portait comme un charme. Verain croulait sous le travail grâce aux chantiers trouvés par Alastaire et avait même du engager un nouvel apprenti!
    Il arrivait que Géroni donne des conseils à son père lorsque celui-ci lui en demandait. Il s'aperçut que pour ses proches il était devenu l'érudit du clan, l'intelligent.
    Les choses avaient changé sans vraiment qu'il le veuille. Il lui était impossible de fréquenter ses anciens lieux de débauches. Les gens lui faisaient bien comprendre qu'il n'appartenait plus à ce monde. Parfois, on lui montrait des honneurs qu'il ne méritait pas ou bien des sarcasmes de jalousie qu'il méritait encore moins.
    Il ne se sentait à l'aise nulle part. Les gens de la haute le considérait au mieux comme un acte charitable d'Alastaire au pire comme un vil parvenu ayant abusé le vieil homme.
    Heureusement, il y avait Malastre auquel il rendait visite régulièrement et qui le faisait franchement rire.
    Il appréciait aussi Pierre de Savignolle qu'il avait moins l'occasion de voir tellement il était pris par sa famille et les chevaliers de la couleur pourpre. Il aimait écouter ses histoires de chevalerie et n'avait jamais osé lui demander ce qu'il était arrivé à son bras.

    Cependant, sa beauté restait son principal atout, où qu'il soit.
    Il n'avait pas la finesse maniérée des hommes de cour, mais un charme vif, presque brutal trahissant parfois ses origines modestes, ce qui ne le rendait que plus désirable.
    Il n'avait pas encore osé s'approcher de trop près des nobles femmes, le souvenir du scandale de Catherine-Marie étant encore trop présent dans son esprit. Il n'avait jamais revu sa belle depuis l'incident et était en manque de partenaire.
    Heureusement, la charmante Lucy lui donnait souvent son corps, et ses nuits.

    Il ne s'était pas rendu à l'exécution de Gaspard et des autres. Depuis qu'il discutait régulièrement avec Alastaire et qu'il lisait, Géroni raisonnait sur le monde qui l'entourait.
    Il lui semblait que les exécutions publiques rabaissaient le bourreau et les témoins au statut du criminel et qu'il s'agissait de se salir les mains avec du sang déjà sale. Il ne voulait pas se contaminer.

    Ce soir était spécial: il amenait son ami de toujours à l'opéra. Il est vrai qu'il n'avait pas eu trop l'opportunité de voir Jean-Baptiste tant celui-ci était pris par les travaux de forge que Géroni lui avait trouvé.

    Il engloutissait goulument sa tartine de pain de seigle, quand avec étonnement il vit l'inspecteur arriver dans la salle et fut encore plus surpris d'entendre ce qu'il avait à lui dire.


    - Une disparition de plus? Mais comment est-ce possible? Vous avez parler à Antigone? Mais au fait qu'est ce que vous faites ici?

    Puis, il éclata d'un rire joyeux devant la quantité de questions qu'il venait de poser.

    - Je suis content de vous voir! Excusez moi de vous assaillir de toutes ses interrogations! Asseyez vous je vous en prie, et racontez moi tout!

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